GUERRE et DIEU
Guerre de religion (extrait) Mémoires de JEANNE HENRI DE H (1557-1599)
"Parbleu Messieurs, étrillons ces marauds, cette piétaille, estoquons ces gueux, faisons de cette bataille la bataille de Dieu. Que ce champ soit souillé de leurs cadavres. Que puanteur de sang, de sueur et de merde soit leur ultime demeure. Chions dans nos bottes mais vainquons! Tudieu mes Bons, après nous ferons ripailles, culbuterons leurs drôlesses, et boirons jusqu'à plus soif. Pour la croix et le culs des belles sus à l'ennemi!"
Monastère de SANTA CATALINA
Ah! le charme des odeurs de jeunesse, du temps passé, du temps aimé...Aujourd'hui, sur les murs blanchis de sa cellule, la croix pend. Son corps émacié, le silice à ses côtés, il prie. Temps éhonté sans repentir, temps regretté du souvenir. Il lui faut souffrir pour aimer, pour s'aimer, pour l'aimer. La souffrance est son amour et il exulte de gratitude face à la mort. Délice de souffrance où se retrouvent amour et mort mêlés. Il crie de joie les entrailles déchirées par le mal de Naples.
J'étais avant et je serai après, car je suis l'instant qui fixe la brièveté d'une vie. Ceux que j'aimais ne sont plus, pourtant ils demeurent. Ils ont aimé, ils ont souffert, ils ont ri. Ces rires encore résonnent et comblent mon impatience. Ce jour, le temps, mangent les heures qui nous séparent. Et je continue à aimer mes amis de mon présent. Et je brave la vie comme ils le firent. Ma vie ne sera donc pas fade et factice des espoirs attentus. L'homme et sa banalité n'ont de grandeur qu'une même hauteur. Mais je ferai de ma vie un unique éclat, et une briéveté comparable à l'éternité. Je suis pourvu de ce qui a toujours été en moi : la vie. Une vie jouet, une vie jeu, le jeu d'une enfance mais aussi une vie terne, terme de l'espoir. Aussi je donne mes biens libre et serein, car je sens, je ressens à présent une liberté que je contemple.
Rhénanie -Unterlinden
La nuit tombait sur le cloître. Il marchait lentement. Il entra dans l'église des Dominicains. Son pas résonnait dans le silence, un silence assourdissant, un silence de pierres, un silence de colonnes. Des colonnes qui dépassaient le ciel de l'étroite nef, fines, longues, fragiles, sans fin. Son pas pesait et son émotion était froide. Devant lui, roide, se dressait l'autel nu. Il était recouvert d'une rose, seule. Il s'agenouilla sur les dalles froides, ôta ses vêtements et s'étendit à même le sol les bras en croix, écrasé. Il revêtit l'aube sacrificielle et pria. "Dieu n'est pas et je ne suis pas". Il vécut alors une intense communion. Il était lié. Il était asservi. Il était libre. Mais peut-on aimer Dieu autrement que dans l'ignorance? La révélation ne peut venir que de soi et elle doit absorber l'univers en entier. Si Dieu est toutes choses, la croyance est donc sans importance!
Laissons poindre le jour. Laissons le nettoyer la nuit. Au jour s'estomptent les facéties nocturnes et autres fables. Laissons se réchauffer les esprits gourds aux sons joyeux des bateleurs de vie. Laissons partir notre frère...
De la loge constituée, je n'étais que le pauvre vainqueur de sentiments délirants et de joies insignifiantes.
"Vers vous ma Dame je prie. Faites moi beau devenir! Mon dénuement est sans contraintes, hors tentations. L'ordre m'a donné une continuelle instabilité. Faites moi instruire des indécisions de la vérité, car il serait invraisemblable et prétentieux d'être autrement. Faites moi revivre en l'esprit. Faites moi ouvrir le seuil de l'intolérable sur mes traces laissées. J'ai quitté un Dieu de plâtre aux éclats de poussière pour mendier. Ce jour, je vous implore en ce lieu de circonstance, grandeur et humilité. Que mes frères me reçoivent puisque ailleurs je suis. Plaise à Dieu"